En 1934, le collectionneur et marchand d’art Ambroise Vollard passe commande à André Derain de trente-six dessins pour la réédition de l’œuvre de Pétrone. Au sommet de son art, le fauve a laissé depuis longtemps place au classicisme, trouvant l’inspiration auprès des maîtres anciens. Artiste total, il impressionne également ses contemporains par son talent d’illustrateur : Guillaume Apollinaire écrit dès 1916 que son art « est maintenant empreint de cette grandeur expressive que l’on pourrait dire antique ».
Racontant les mésaventures d’Encolpe et d’Ascylte au sein d’un Empire romain décadent, le Satyricon, probablement rédigé au Ier siècle, est une préfiguration du roman picaresque. La simplicité du trait de Derain accentue l’efficacité des illustrations : par la réunion des caractéristiques esthétiques du dessin antique à l’intonation humoristique du récit, il réalise ici la synthèse graphique des péripéties du Satyricon.
DG.