Connexions \ Collections #2 – Agnès Thurnauer – Aliénor l’Ouragane

L’introduction d’œuvres contemporaines ajoute un degré à l’observation active recherchée dans le musée, dont l’accrochage est fondé sur la cohabitation raisonnée d’œuvres de provenances et d’époques différentes. Une approche à double voire triple détente qui stimule encore davantage le regard et la sensibilité du visiteur, qu’il soit connaisseur ou non.

Dans l’éclectisme cohérent d’une collection qui va de l’époque sumérienne aux années 1970, les œuvres d’art contemporain bousculent, dynamisent le parcours par leur caractère subversif plus qu’esthétique, moins consensuel qu’interrogateur. Le travail de réflexion muséographique s’enrichit alors par la recherche d’affinités plus électives qu’il n’y paraît.

Agnès Thurnauer a choisi d’installer trois séries d’œuvres – des Big-big et Bang-bang, des Dessins préparatoires et des Prédelles – en regard des œuvres de la collection. Ces peintures ont pour fonction de révéler les objets patrimoniaux qui les entourent au terme d’une réflexion qui est loin d’être exclusivement
formelle, car l’artiste pense que toute œuvre est contemporaine du moment où nous la regardons plus que de l’époque où elle a été produite.

Commissariat :

• Dominique Gagneux, directrice du musée
• Gatien Du Bois, chargé de projets

Artiste franco-suisse. née en 1962. vit et travaille à Ivry-sur-Seine (val-de-Marne).

À travers ses peintures, sculptures et installations, Agnès Thurnauer traite de la question du langage. Dans sa pratique picturale, l’écriture est souvent intégrée au tableau, et, même lorsqu’elle ne l’est pas, la force allusive qui se dégage du sujet place le spectateur dans l’histoire de l’art comme dans l’émancipation toujours renouvelée de sa propre lecture. Cette plasticité du langage s’expérimente en trois dimensions, avec ses sculptures composées de moules de lettres à différentes échelles permettant l’investissement du regard et du corps. Pour Agnès Thurnauer, le rapport à l’œuvre induit toujours une forme de réciprocité. Si l’œuvre lit le monde, à chacun de nous d’en faire notre propre lecture. Ce langage en partage est au cœur de la société et donne à l’art une puissante fonction poétique et politique.

Le travail d’Agnès Thurnauer a été révélé au public par une exposition monographique au Palais de Tokyo en 2003. Depuis, elle a exposé au Centre Pompidou, au musée Matisse de Nice, au LaM de Villeneuve-d’Ascq, aux musées des beaux-Arts d’Angers et de Nantes, au musée Unterlinden de Colmar, au château de Montsoreau -collection Philippe Méaille et bien d’autres. Elle a également montré son travail en belgique, au SMAK de Gand, aux états-Unis, au Seattle Art Museum et à la Edgewood Gallery de yale, au brésil, au CCbb de Rio, et dans de nombreux centres d’art et biennales : biennale de Lyon, biennale de Cambridge, Kunsthalle bratislava, yermilov Center Kharkiv… Depuis l’automne 2020, elle a installé une importante commande du ministère de la Culture dans l’espace public à ivry-sur-Seine et a mis en place une œuvre pérenne, les Matrices Chromatiques, au musée de l’Orangerie.

Agnès Thurnauer collabore régulièrement avec des écrivains, philosophes et poètes pour des publications et des livres d’artistes : Michèle Cohen-Halimi, Tiphaine Samoyault, Rod Mengham, Nicolas Donin…

Ses œuvres sont dans de nombreuses collections privées et publiques : Centre Pompidou, Cnap Paris La Défense, musée de l’Histoire de l’immigration, musée de l’Armée (Paris), musée des beaux-Arts (Nantes et Angers), LaM (Villeneuve-d’Ascq), musée Unterlinden (Colmar), Fonds d’art contemporain – Paris Collections, FRAC bretagne, FRAC Auvergne, FRAC Île-de-France.