Chaïm Soutine ne s’exprime que par la matière picturale qu’il appose avec frénésie sur la toile. Il existe une manière spécifique à Soutine de peindre, usant de la déformation de l’espace et du sujet, d’une composition construite et d’accords de couleurs vibrantes et profondes.
Les Oranges sur fond vert présente un amas de fruits, prétexte à une coexistence d’orangé et de vert Véronèse rappelant le verdaccio des primitifs italiens et flamands. L’arrière-plan est traité dans une palette de verts-bleus caractéristiques. Le blanc d’argent de la nappe vient éclairer l’ensemble signé dans le sang –comme le Caravage– de son fameux rouge. Il y a de la violence dans la peinture de Soutine comme s’il s’était battu avec la matière; ainsi qu’une tension entre sa recherche de la proportion exacte et de l’équilibre architectonique relevée par son ami Elie Faure, et une déformation systématique.
DG.
