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L’éternel et l’éphémère d’Hélène Delépine – Parcours d’art 2023

LE PROJET : L’ÉPHÉMÈRE ET L’ÉTERNEL

“Je me suis intéressée aux récits, hypothèses et faits qui composent et construisent l’histoire de l’Abbaye. En m’attachant plus particulièrement aux cuisines romanes, j’ai découvert que l’histoire du site se constitue par couches et bribes parmi lesquelles il semble parfois possible de faire cohabiter réalité et fiction. Le lieu déploie également d’autres relations ambivalentes m’ayant intéressées dans leur capacité à créer des ambiguïtés ou des contradictions.

 

Par exemple, celles entretenues entre le connu et l’inconnu, le visible et le caché, la présence et l’absence, le contemporain et l’ancien, le partiel et l’entier, la symétrie et l’asymétrie, ce qui est et ce qui aurait pu être… Dans le prolongement de cette idée, la possibilité pour le lieu d’avoir pu connaître une autre destiné m’a passionné.

 

Dans l’hypothèse où le site aurait pu être un lieu de pèlerinage (si la volonté du fondateur de l’Abbaye d’être inhumé parmi ses semblables dans un lieu commun à Fontevraud avait été respectée), j’ai imaginé une forme d’édifice pouvant être à la fois une architecture funéraire, une lanterne des morts, un échafaudage ou une simple tour. 

Ce monument est pensé comme une structure s’articulant sur la base de l’octogone, une figure géométrique que l’on retrouve dans plusieurs éléments architecturaux de l’abbaye, notamment les cuisines romanes, les flèches et les tourelles. Dans la symbolique chrétienne, cette forme est reliée à la croyance d’un autre espace temporel qui marquerait une forme d’éternité.

 

J’ai choisi d’habiter cette construction de plusieurs sculptures en céramique. Réalisées à partir d’un travail de collecte photographique puis de dessin, elles peuvent être issues d’éléments partiels ou entiers. Elles sont autant d’indices convoquant différentes échelles et plusieurs points de vue pris de l’Abbaye de Fontevraud, m’ayant intriguées par leur particularité. La plupart d’entre elles conservent un aspect brut qui rappelle le tuffeau, la pierre locale.

 

Les sculptures les plus hautes possèdent un revêtement opalescent évoquant la nacre, un matériau employé dans les usines par les prisonniers confectionnant les boutons durant l’époque carcérale de l’Abbaye. Placées au plus haut de la structure, elles en sont le fanal. D’autres situées plus bas sont recouvertes d’un émail fait à base d’argile sédimentaire verte récoltée dans la forêt de Fontevraud à l’occasion d’une randonnée, s’inspirant du vœu de Robert d’Arbrissel d’être «enterré dans la boue de Fontevraud».

 

La sculpture noire reprend la sombre silhouette des toits de l’abbatiale que je contemplais dans la lumière du levant depuis la chambre dans laquelle je logeais, située au-dessus de la porte d’entrée.

Ce dispositif a la volonté d’établir une synthèse tout en sachant qu’elle est vaine et irrationnelle. C’est une recherche menée à la frontière des territoires de l’imaginaire, de la perception, du souvenir et de la représentation mentale.

 

Il s’agit ici de présenter une découverte, quelque chose s’étant construit en rapport au lieu, à l’expérience que j’en ai faite et ainsi, confronter quatre points qui s’articulent dans des temporalités connexes ou éloignées : ce qui a été vu, ce qui reste, ce qui a existé, ce qui est.

 

L’éphémère et l’éternel rend hommage à ce qui disparait et demeure, à ce et ceux qui reste(nt).”

BIOGRAPHIE D’HÉLÈNE DELÉPINE

« Mon travail est un jeu de construction fait d’expériences de combinaison qui fonctionne par déplacement et par l’usage du signe et de l’indice. Il se situe dans un cheminement qui explore les points de vue et les rapports d’échelle.

 

Il interroge la permutation du réel et de notre imaginaire en mêlant l’architecture à l’objet, le passé au futur, l’essor au déclin.

Entre la résistance et la fragilité, le rigide et le dissolu, le géométrique et l’organique, j’opère selon des principes de dualité et de contradiction qui traduisent une tension et permettent d’amorcer une réflexion ou un questionnement. Je souhaite instiller un doute dans ce qui est donné à voir et révéler le potentiel fictionnel du réel, lui empruntant un répertoire de formes et d’images ayant une capacité à s’abstraire afin d’élaborer un vocabulaire formel simple et essentiel. J’aime l’idée chère à Ettore Sottsass de transformer le banal en atemporel ou en d’éventuels archétypes mythiques.

 

La terre est mon matériau de prédilection pour rendre compte de mes préoccupations. Je cherche au travers de cette pratique ses potentialités et ses capacités à interroger et figurer des états intermédiaires qui peuvent se contredire et ainsi ouvrir une brèche pour sonder nos multiples lectures du réel. J’aime à penser que cette matière à la fois intemporelle et intimement liée à l’histoire de l’homme, de ses cultures et de ses pratiques peut sans cesse éprouver le lien entre ce qui s’édifie et ce qui se délite, entre ce qui appartient au présent et au passé, entre ce qui est et la projection que l’on a du réel, et ainsi créer une synthèse. »

 

Après des études en Céramique à l’Ecole Supérieure des Métiers d’Arts d’Arras jusqu’en 2009, Hélène Delépine a poursuivi son cursus en Design et en Art à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges où elle a été diplômée en 2013. Après plusieurs années passées en Limousin, elle s’est installée à Nantes où elle vit et travaille depuis 2018.

 

Son travail est régulièrement exposé en France dans des centres d’art, galeries et espaces d’art contemporain. En 2021, ses œuvres ont été montrées à l’occasion d’une exposition monographique à l’Abbaye Saint-André, centre d’art contemporain de Meymac. En 2022, l’artiste a été invitée par le FRAC des Pays de la Loire, le département de Maine-et-Loire et la commune de Loire-Authion pour une résidence et une exposition personnelle à la galerie Hors-Champ.

Légende : L’éphémère et l’éternel – 2023 / Diamètre 170 cm x hauteur 460 cm

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L’entrée à l’Abbaye royale et au musée d’Art moderne est gratuite pour les moins de 18 ans et les étudiants de moins de 25 ans.

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